Prédication du 30 novembre 2025
1er Dimanche de l’Avent

Une porte qui s’ouvre, un seuil qu’on franchit. Le temps de l’Avent, ce n’est rien d’autre que cela : une invitation à ouvrir, à laisser entrer. Le psaume 24 reprend la même image, mais avec force : « Portes, élevez vos linteaux ; élevez-vous, portails éternels, que le Roi de gloire fasse son entrée ! »
De quelles portes s’agit-il ?
David, à qui ce psaume est attribué, entre à Jérusalem. Il vient de conquérir la ville et veut en faire sa capitale. Il s’approche en procession, avec des chants, des danses, et l’arche de l’Alliance. Cette arche, c’est la présence de Dieu.
Le Roi de gloire, l’Éternel des Armées, c’est Dieu lui-même qui fait son entrée dans la ville.
Alors on ouvre les lourds battants. On soulève les linteaux. On élargit le passage pour que rien n’empêche sa venue.
Et c’est la fête : la foule, la musique, les prêtres, les soldats.
On chante des psaumes — peut-être même celui-ci, prié ensemble au début de ce culte.
Une porte qui s’ouvre pour laisser entrer Dieu.
Dimanche dernier, nous étions avec Jacob, endormi avec une pierre pour oreiller. Et voilà qu’au cœur de la nuit, une échelle s’était dressée entre ciel et terre. Les anges y montaient et y descendaient.
Jacob découvre que cet endroit perdu, cet endroit de fuite et de solitude est la maison de Dieu, et la porte du ciel. Déjà là, Dieu montrait qu’il sait ouvrir des passages là où nous ne voyons que la nuit.
Une porte pour communiquer avec Dieu.
Et plus loin dans la Bible, tout à la fin, dans l’Apocalypse, il est encore question de porte : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe… »
Dieu attend. Il ne force rien. Il frappe, doucement, patiemment. C’est à nous d’ouvrir.

Une porte : à quoi ça sert ?
Une porte fermée protège. Mais elle enferme aussi.
Elle garde nos peurs, nos fragilités, ce qu’on ne veut pas montrer.
Une porte ouverte, c’est une prise de risque : on s’expose, on accueille, on se laisse rejoindre.
C’est une possibilité de rencontre, de communication, de partage.
C’est vrai pour nos maisons.
C’est vrai pour nos relations.
C’est vrai pour nos cœurs.
C’est vrai devant Dieu.
Et parfois, pour ouvrir vraiment à Dieu, pour choisir la vie, il faut aussi que d’autres portes se ferment, ou se referment. Il y a des projets, des paroles, des relations qui ne mènent pas à la vie ;
Dieu nous aide aussi à fermer des portes, pour pouvoir mieux nous ouvrir à sa lumière.
Alors, en ce début de l’Avent, la question nous est posée :
La porte de notre cœur est-elle ouverte pour l’accueillir, lui Dieu ?
Et si elle est ouverte… comment est-elle ouverte ?
Comme la petite porte du jardin, réservée à celles et ceux qui la connaissent ?
Comme toute petite trappe prévue pour le chat ?
Ou comme la grande porte d’entrée ? Le portail ?
Et s’il entre, lui Dieu… est-il le bienvenu partout ?
Où est ce qu’il y a certaines pièces qu’on laisse fermée à clé, parce que là, non. C’est mon intimité quand même. Je ne veux personne d’autre que moi à cet endroit-là.
Si nous avons laissé Dieu entrer, lui avons-nous laissé toute la place ? Lui, il veut mettre sa lumière dans toutes les dimensions de nos vies.
C’est pour cela que le psaume nous invite à élever les linteaux, à écarter les battants :
pour que sa lumière pénètre partout.
Il ne force rien.
Il frappe à la porte.
Il attend que nous ouvrions tout grand. Que nous ouvrions vraiment.
Mais il attend avec patience. Il attend avec amour.
Et si nous avons ouvert… que faisons-nous ensuite ?
Gardons-nous la porte fermée derrière lui pour le garder pour nous ?
Ou osons-nous laisser une ouverture pour que d’autres puissent eux aussi voir, pressentir, entrer dans cette paix ?
Ouvrir une porte. Pas forcément un portail fastueux avec des lumières qui clignotent et en mettent plein la vue « regardez Dieu habite dans ma maison » ! C’est vite agaçant les gens qui étalent et imposent leur foi.
Parfois, une simple fenêtre suffit.
Peut-être qu’on peut simplement laisser les volets et les rideaux ouverts. Un geste, une parole, une présence.
Pour que l’Évangile se donne à voir au travers de nos vies.
Dieu espère que nous lui ouvrions la porte de nos cœurs — toujours un peu plus grande, les linteaux toujours un peu plus hauts.
Pour qu’il puisse régner en nous, nous éclairer, nous transformer.
Et, à travers nous, il espère changer ce monde.
Le cantique Macht hoch die Tür le murmure depuis des siècles :
quand la porte s’ouvre, même un peu,
une présence entre —
et c’est toute la maison intérieure
qui se remplit, comme d’une musique.
Que ce temps de l’Avent, soit pour chacune et chacun d’entre nous, ce temps d’ouverture à la présence de Dieu. Amen.
Sophie Jung, pasteure
