Les vitraux
Ils sont l’œuvre de Tristan Ruhlmann, maître verrier. Locataire de la villa « Heindorf », propriété de la paroisse, il habite l’immeuble de novembre 1948 à septembre 1965. L’élégante construction flanquée de tourelles et son parc constituent un décor de rêve, propice à l’inspiration créatrice de l’artiste qui installe son atelier dans le verger, à l’emplacement du poulailler à l’abandon.
La paroisse va tout naturellement s’adresser à son illustre hôte pour lui demander de procéder à la rénovation des vitraux de son église. D’ailleurs, à titre amical, celui-ci lui offre spontanément le vitrail central du chœur, une de ses toutes premières œuvres créées à Haguenau.
Le vitrail central du choeur
Daté du Vendredi Saint 1949, le vitrail central est occupé dans son entier par le Christ supplicié. C’est sur la demande expresse du pasteur Bach, que Tristan Ruhlmann a pris pour modèle le célèbre Christ du retable d’Issenheim conservé au musée d’Unterlinden de Colmar. Les couleurs foncées du fond, dominées par du bleu et du rouge, mettent en avant le corps du Christ en croix.

Les vitraux latéraux
Les panneaux latéraux du chœur évoquent des scènes de la vie du Christ. Notons que le vitrail gauche est un don de la ville de Haguenau, sous la magistrature du maire Désiré Brumbt.
Vitrail de gauche
Scène 1
La partie supérieure du vitrail gauche représente la Nativité. L’astre qui annonce à Israël un roi nouveau, brille parmi les étoiles. Les parents, absorbés dans la méditation, entourent l’enfant Jésus. Joseph, le menton dans la main droite, demeure comme saisi devant le mystère de la naissance. L’attitude de Marie, la main sur la poitrine, fait allusion à la prophétie de Syméon : Toi-même, un glaive te transpercera l’âme. Luc 2, 35. Seul l’âne, humble parmi les humbles, assiste à la scène empreinte de pieuse gravité.
Scène 2
Le Baptême de Jésus tient le milieu du panneau. On reconnaît Jean le Baptiste à ses vêtements de poils de chameau. Du ciel descend la colombe, l’Esprit de Dieu. En prière, des disciples de Jean le Baptiste ont reconnu le Messie. Celui sur lequel tu verras l’Esprit descendre et demeurer sur lui, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. Jean 1,33
Scène 3
La main droite posée sur le pain, la gauche levée en un geste de bénédiction, Jésus célèbre la Pâque juive. Son attitude solennelle contraste singulièrement avec celle de ses disciples confiants et détendus en présence du Maître. Derrière Jésus, on découvre la tête verte de Judas, le fourbe. Allongé aux pieds du Christ figure Jean, le disciple que Jésus aimait, son préféré.
Vitrail de droite
La Résurrection du Christ occupe le haut du vitrail droit. Le Christ triomphant, la tête parée du nimbe crucifère, la main gauche levée en signe de victoire sur la mort, est représenté dans sa Divine Majesté. Seul le vase aux aromates évoque le rite mortuaire. Assiste à la scène un des soldats romains aussitôt terrassé.
Scène 1
La scène centrale représente les disciples touchés par la grâce du Saint Esprit. En même temps, des langues de feu, signes de vie, de force et de purification, les submergent de stupeur.
Scène 2
Au bas du vitrail, l’ange tient une balance et désigne le Christ en Gloire assis dans le ciel. Lui seul a le pouvoir d’ouvrir le livre pressé sur son cœur et de juger. Et je vis un ange puissant qui proclamait d’une voix forte: Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ? Apocalypse 5,2-3.
Tout en bas, la croix et le serpent, tracés dans le livre grand ouvert, expriment l’idée de la victoire du Bien sur le Mal.

Les vitraux le long de l’église
Les médaillons, symboles de la foi protestante
Les médaillons et les vitraux des trilobes, qui ornent les verrières des façades latérales, reproduisent les grands symboles qui résument la foi des fidèles.
A l’avant de l’église, deux médaillons montrent les auteurs des quatre Évangiles du Nouveau Testament, qui depuis le IVe siècle sont représentés d’après la vision d’Ézéchiel (chap. 1, 5) par des êtres ailés : l’ange pour Matthieu, l’aigle pour Jean, le lion pour Marc et le bœuf pour Luc. Les apôtres Matthieu et Jean, à gauche, et les évangélistes Luc et Marc, à droite, veillent sur la rose de Luther.

La rose de Luther, grand réformateur.
La croix noire du centre fait référence à l’Événement Jésus mort sur la croix pour chacun de nous. Elle nous rappelle que la foi au crucifié nous sauve et que les humains sont tous appelés à porter une croix, leur lot de douleur. A la croix, Luther associe le cœur rouge, signe de grâce vivifiante, et la fleur blanche de l’églantier, symbole des dons de Dieu : consolation, joie et paix.
Le dernier médaillon montre, la Parole de Dieu, suggérée par la Bible ouverte et la lampe à huile allumée, est encadrée des deux sacrements que reconnaît l’Église luthérienne : le Baptême à droite, la Sainte Cène à gauche.

